Bonjour,
Plutôt content aussi de voir que le forum se réveille un coup.
Les groupes locaux ont continué à se voir parfois après les législatives,
les groupes Facebook existent et fonctionnent toujours. Il était tout de
même tacitement dit qu'on remettrait le couvert aux législatives 2022, ce
qui est une des raisons du maintien de l'existence du site avec les frais
qui vont avec (il y a un fil là-dessus), l'autre étant de laisser les gens
le consulter a posteriori pour reprendre tout ou partie de ce qui y est.
Il a aussi été dit par beaucoup de participants qu'entre les deux, on ne
participait pas à toutes les élections et même à presque aucune (et
notamment pas aux européennes, je tendrais à le regretter...) sauf aux
municipales en participant aux démarches locales de listes participatives,
généralement plus larges - et à titre individuel bien sûr même si le réseau
MaVoix y est au total un apport non négligeable.
On peut voir des points communs et des différences entre "les gilets
jaunes" et ce qu'on a proposé (notre idée n'étant pas éteinte en tous cas,
loin de là). Je pense qu'il y a une occasion de s'adresser
(individuellement, plutôt) non seulement à ceux qui y participent ou
soutiennent mais aussi à ceux qui sont contre ou sont mitigés:
pour/neutre/contre, on retrouve le vote direct à la base sur toute
question, on est donc bien au coeur du sujet (ça fonctionne pour tout mais
plus encore pour des questions sur lesquelles les citoyens ont eu le temps
de se faire une idée, ce qui est une condition pour que ça fonctionne bien,
c'est rappelé plus haut par l'exemple du référendum de 2005).
Parmi les ressemblances, bon déjà le gilet jaune qui a été un signe de
ralliement (au départ parce que le jaune l'était, pourquoi par contre je ne
sais pas tiens: ce qui est sûr c'est que comme couleurs de mouvements
politiques, d'autres étaient prises donc inutilisables, comme le rouge, le
rose, l'orange, le bleu). Ensuite l'organisation plutôt décentralisée et
sans structure officielle: pas d'association nouvelle, pas de président,
pas de porte-parole officiel au départ (et une certaine allergie de
certains participants à toute idée de délégué même de leur mouvement). Et
encore la relative unicité de l'idée de départ (qui n'est pas sans lien
avec la question d'organisation): pour nous "démocratie directe pour le
vote de toutes les lois", pour les gilets jaunes "gazole à 1 euro le
litre". Aussi (c'est plus net chez nous) une tendance à ne pas aimer que
les lois (entre autres le budget et les taxes...) soient faites par des
élus désignés une fois pour toutes tous les cinq ans (et par des
technocrates ayant l'oreille desdits élus) au lieu de laisser le peuple
s'exprimer.
Une question plus mitigée est celle du mode de mobilisation. Lors de notre
campagne, j'avais vu citer un autre exemple (pour des questions d'actualité
aussi), celui de la loi "Travail" sous Hollande, avec le discours "au lieu
de faire quinze journées de grève et de manifestations non écoutées par les
élus, il aurait été mieux pour les participants de voter contre depuis leur
ordinateur une bonne fois qui compte vraiment". Au passage, cela fonctionne
aussi dans l'autre sens: un processus de décision rapide et légitime permet
de prendre des décisions et de couper court à la contestation. Ce qui est
moins sympathique si on se place du point de vue du potentiel citoyen-ne
minoritaire (que nous serons tous à un moment probablement) dont le point
de vue se retrouverait étouffé même q'il aurait pu s'exprimer.
Le référendum d'initiative populaire est probablement trop limité: l'idée
MaVoix, c'est un référendum sur chaque loi et chaque article sans avoir à
le demander spécialement au coup par coup.
J'ai noté aussi chez certains porte-parole l'idée d'une assemblée
citoyenne tirée au sort: c'est à la fois un point commun et une différence,
point commun parce que nos candidats étaient tirés au sort (parmi des
volontaires) ce qui implique qu'on ne se focalise pas sur la personnalité
des délégués et qu'on tient à leur rappeler qu'ils sont comme tout le
monde, différence parce que dans une assemblée tirée au sort ce sont
seulement les délégués qui décident, en demandant des avis juste autour
d'eux; en démocratie directe tout le monde est impliqué dans les décisions
et est décisionnaire.
Là où il y a peut-être début de différence, c'est justement que manifester
(dans ce cas comme d'autres), c'est un peu s'imposer dans l'espace public
avec sa revendication principale mais aussi ce qui la sous-tend comme un
positionnement social ou idéologique. Il y a un moment où s'exprimer
anonymement et à parité avec les autres ne suffit pas. (D'ailleurs, même en
pleine démocratie directe, il ne faudra pas, me semble-t-il, supprimer le
droit de manifestation, prolongement ou cas particulier de la liberté
d'expression).
L'autre différence plus flagrante est justement qu'il y a revendication(s)
sur le fond alors que pour le concept #MaVoix, la seule revendication est
de pouvoir décider directement et qu'à part ça on peut être "pour ceci" et
"contre cela" autant qu'on veut (et y compris dans des combinaisons "pour
A"/"contre B" ... qui ne sont pas représentées dans l'espace partisan
classique: ça fait partie de l'intérêt).
La divergence encore plus grande même par rapport à "leur" propre point de
départ est que d'une revendication centrale, les slogans sur divers
supports ont tendance à s'étendre à une puis plusieurs thématiques et que
cela peut avoir tendance à être parfois un peu contradictoire sur les
bords. Plus largement, ce mouvement tend à devenir para-syndical (au sens
large) voire para-politique au sens classique (i.e. des contenus de fond
et non simplement de forme comme nous). Effectivement, s'y posent des
questions de processus décisionnel, puisqu'il y a manifestement des
décisions à prendre: quelles actions mener? que revendiquer? que négocier,
avec qui "en face" et - plus difficile vu la forme horizontale de départ-
avec quels délégués du côté du mouvement? Localement, les outils de prise
de parole peuvent servir mais il me semble (je ne participe pas mais ai des
échos d'un barrage pas trop loin) que ça se fait par consensus parfois très
informel (ex. un "à demain!" en quittant le barrage le soir... qui veut
dire implicitement qu'il a été décidé de le maintenir) ou, sur les réseaux
sociaux, un peu à l'applaudimètre (ou au nombre de "j'aime" ou de
reprises). C'est beaucoup plus facile dans un collectif qui a tout de même
un sens dans lequel aller à la base que dans une collectivité politique
plus large (commune, pays) où les gens ont pour seul point commun d'habiter
à côté les uns des autres et ne sont parfois d'accord sur rien.
Outre ce constat, il y a deux "angles morts" du projet que cela peut
interroger plus largement: comment négocier en démocratie directe? par
exemple, prévoir d'augmenter telle taxe et tel revenu ensemble... certes
cela peut être posé au vote en mode "ça passe ou ça casse"...
quel rapport à l'exécutif?