Au-delà du côté dépersonnalisation / pression médiatique moindre, régulièrement mis en avant, à juste titre, quelques arguments complémentaires qui ont pu se perdre en route et avaient amené à considérer l’option d’un tirage au sort national unique, qui n’était pas l’idée initiale.
Il y a tout d’abord ce que nous avons observé sur la répartition territoriale des candidatures hommes / femmes à Strasbourg. Sur les 9 hommes candidats, 7 étaient de Strasbourg et 2 d’ailleurs, alors que pour les 7 femmes candidates, c’était l’inverse 5 d’ailleurs, 2 de Strasbourg. Et en discutant avec elles, il est apparu clairement qu’elles questionnaient beaucoup plus leur légitimité que les hommes, d’autant plus que cela aurait été près de chez elles (« qu’auraient dit mes voisins / mes collègues / les autres parents / mon patron ?… ). Faire un tirage au sort national est donc une façon d’encourager les candidatures féminines, de ce point de vue.
D’autre part, l’objectif d’un tirage au sort est d’introduire de l’aléa dans la sélection des candidatures. Plus il y a de candidat.e.s, plus cet aléa est réel. Un tirage au sort national est donc plus aléatoire qu’un tirage au sort local.
L’exemple de Strasbourg peut à nouveau servir ici : si le tirage au sort s’était limité aux candidates locales, il y avait 1 chance sur 2 d’être titulaire ou suppléante.
Par ailleurs, si le tirage au sort est local, il y aura forcément disparité entre le nombre de candidats d‘une circo à l’autre, ce qui ouvrira la voie à des comportements opportunistes (s’il n’y a que 3 candidat.e.s dans une circo, j’ai plus de chances d’y être désigné que s’il y en a 20). Un tirage au sort national a donc d’autant plus de chances de diluer les candidatures des gens qui le seraient pour de mauvaises raisons (uniquement pour être désignés, sans considération avec le projet #MAVOIX).
Avec un tirage au sort national, les chances sont les mêmes pour tout le monde, partout. C’est un aspect essentiel de la crédibilité du process. Et c’est juste.
On voit clairement dans les discussions avec les autres mouvements citoyens que la force de l’aléa est essentielle. Dès qu’on leur dit « Ok, vous voulez jouer avec nous, alors, venez participer à notre tirage au sort », la discussion s’arrête net.
Et il y a eu la même chose à Strasbourg : un candidat putatif avait tué toute velléité de candidature en local par son charisme. Il a jeté l’éponge dès qu’il a compris qu’il n’avait aucune assurance d’être désigné. Et l’ouverture de l’appel à candidature à tous a permis de sortir de la comparaison pour permettre une réelle diversité de candidat.e.s : du SDF à la cadre sup.
Dans les partis politiques, pour satisfaire à l’obligation de parité, souvent, ils présentent les hommes là où c’est gagnable et les femmes ailleurs. Garder un aléa total sur l’attribution des circonscriptions est une bonne façon de mettre fin à cette pratique et d’éviter les tentations de tripatouillage en laissant les uns et les autres choisir et se répartir les « bonnes » circos, sous prétexte qu’elles seraient plus proches de chez eux évidemment….
Enfin, quelques précisions sur le déroulé par rapport à ce qui a été dit sur ce fil :
Il n’y a besoin de tirer au sort le genre (H/F) que si le nombre de circonscriptions ouvertes est impair (dans le cas contraire, la parité est mécanique, par alternance). Un bocal de moins donc, si le nombre de circonscriptions ouvertes est pair.
Il n’y a pas besoin de séparer les hommes et les femmes dans deux bocaux différents. C’est lors du tirage qu’ils sont classés dans deux colonnes différentes, dans l’ordre par genre, comme fait à Strasbourg (il y avait eu 7 hommes de tirés d’affilé, avant qu’une femme ne soit tirée et désignée suppléante en étant placée sur la première ligne de la colonne femmes
Les circonscriptions sont tirées dans l’ordre de la numérotation du Ministère de l’Intérieur, comme proposé lors du week-end #MAVOIX globale de décembre, ce qui semble la meilleure façon de faire puisque la liste est publique et incontestable.
Et on tire tous les noms pour garantir la transparence. Personne ne peut prédire ce qui se passera en termes de désistements à cette échelle + ça permet de montrer que tout le monde était bien dans l’urne
Le rôle de l’officier assermenté (huissier ou notaire) sera vraisemblablement plus important qu’il ne l’était à Strasbourg. Il aura sans doute un rôle à jouer dans l’enregistrement des candidatures pour garantir la transparence du processus et dans la procédure de désistement (notamment pour l’officialiser et garantir l’horodatage qui déterminera l’ordre de remontée des personnes en liste d’attente).