coucou @Evy, tu as raison de remettre cette question sur le tapis car ça fait trop longtemps qu’on n’en a parlé. Et que pour toutes les personnes qui rejoignent l’expérience, nous n’avons pas pris le temps d’écrire noir sur blanc nos échanges de l’année dernière sur ce sujet. C’est pourtant un élément fondamental pour bien comprendre et bien participer à l’expérience.
Voici une proposition que je formule par rapport à nos échanges l’année dernière et les dernières questions qui se sont posées. Si vous êtes d’accord, on peut itérer là dessus pour l’y ajouter à l’ADN de #MAVOIX dans les jours ou semaines qui viennent.
Si vous êtes d’accord sur ce principe, on peut le mettre sur un pad pour y contribuer ensemble.
Quelle est la méthode de co-construction de #MAVOIX depuis sont origine et comment y contribuer ?
La méthode privilégiée de délibération de #MAVOIX depuis sa naissance, c’est l’itération. Chacun apporte sa contribution. Et on avance comme ça.
Il n’y a pas de vote majoritaire pour imposer le point de vue des uns aux autres sur telle ou telle question.
La richesse de #MAVOIX tient à l’intelligence qui émerge du collectif, comme des compétences et de l’expérience apportée par les un.e et les autres sur les différents sujets.
Par exemple, sur le logo #MAVOIX, beaucoup de personnes au début du projet, l’écrivaient naturellement comme ça : #MaVoix. Et puis, Guillaume a réalisé la vidéo des bouches. Il a demandé un logo. Il n’y en avait pas. Il l’a écrit comme ça : #MAVOIX. Et le logo a été créé en fonction de ce qu’il avait mis.
On a monté le blog, la page et le groupe Facebook, le compte Twitter à partir de ça. Certains ont continué à écrire dans les mails ou les textes #MaVoix et c’est très bien.
L’affiche de campagne #MAVOIX, utilisée pour la première fois pour la législative partielle de Strasbourg, a été discutée lors de l’atelier de co-création des affiches qui s’est déroulé à Paris le 9 avril 2016. Le miroir a été apporté par Mélanie, le jaune par Claire, toute la mise en page par Claire et des dizaines d’heures d’atelier de co-création.
Les strasbourgeois aussi ont travaillé sur l’affiche. C’est d’ailleurs un passant qui a trouvé le slogan « Qui me représente le mieux ? » lors du tirage au sort Place de la République à Strasbourg, slogan qui est venu remplacer celui proposé initialement par les contributeurs.
C’était, encore une fois, incroyable. Et aucun des contributeurs de la France entière réunis à Saint Ouen, qui avaient eu d’autres idées, ne s’en est plaint, conscients de la richesse de cette intelligence collective qu’il ne faut pas seulement souhaiter et théoriser, mais accueillir quand elle est là.
Tout est discutable, tout le temps. Mais il y a un moment où il faut répondre à la question, concrètement être dans l’action. C’est aussi cela le principe de l’itération. On discute, on fait et après on analyse, on évalue, on améliore. Il faut avouer que jusqu’à présent, c’est assez magique !
On peut aussi considérer que ça fait partie de l’histoire de #MAVOIX, que c’est devenu culture commune, et que les choses évoluent au fur et à mesure. Par itération. On peut se dire aussi qu’on co-construit vers l’avant en trouvant une solution à chaque problème. On fait évoluer les choses action par action. Par la maturation. Dans le problème de l’instant T réside la solution ;-).
Est-ce qu’on retourne la vidéo des bouches parce que les peaux sont trop claires ? NON !!! Le logo, la vidéo, les textes, la FAQ, la page, le groupe sont à l’image de ce qu’était #MAVOIX à l’instant T. On avance là dessus.
On part de l’existant. En revanche, chaque personne est légitime à travailler pour proposer des évolutions quand quelque chose ne lui convient pas.
Personne n’interdit à personne de faire quelque chose. C’est comme ça que s’est fait le basculement de #MAVOIX de Slack vers un forum à base logiciel libre, par exemple. C’est comme ça aussi que chaque collectif local travaille avec les outils qu’il s’est choisi.
La seule limite : ne pas sans cesse remettre en cause ce qui est devenu culture commune au fil des itérations précédentes.
Ainsi, lors d’une une réunion direct hangout, une personne toute nouvelle <3 présente a mis sur la table la question du terme hacker. La réunion a tourné autour de ça et a abouti à une autre personne qui disait que finalement #MAVOIX n’était pas un bon nom. Que nous pourrions comme Podemos nous appeler « Nous pouvons ».
Quand on arrive à #MAVOIX, on prend le package passé comme une histoire, un héritage. Et on ne commence pas par tout vouloir repeindre du sol au plafond parce que la couleur des murs ne nous plaît pas. Il y a nécessairement un petit temps d’acculturation, d’observation, le temps que les uns et les autres transmettent le pourquoi du comment.
Chacun.e est libre de dire ce qu’elle ou il en pense comme n’importe qui, et ceux qui font prennent le lead et vont au bout en tenant compte des retours des uns et des autres.
Encore une fois, il n’y a pas de vote majoritaire pour imposer un unique point de vue sur telle ou telle question. De la même façon que l’ensemble des points de vue exprimés lors des votes sur la plateforme seront répercutés à la proportionnelle, pour que chacun.e soit représenté.e.
La différence entre la procédure de vote qui sera mise en place sur la plateforme à l’issue de la période de délibération et d’échange sur les projets de loi et le fonctionnement interne de #MAVOIX tient avant tout à la nécessité de pouvoir faire une photographie du débat à un instant T pour déterminer une position de vote. Le fonctionnement de #MAVOIX se fait lui sur une base organique : pas de nécessité de figer les choses, une construction par l’action.
Chacun.e vient à #MAVOIX avec le temps, l’énergie et les envies dont elle ou il dispose et accorde sa confiance à priori à ceux qui font du mieux qu’ils peuvent pendant ce temps là. Et, comme dans le logiciel libre, il peut y avoir des variantes.
Si les contributeurs et contributrices strasbourgeois de #MAVOIX veulent toujours faire leur propre tirage au sort local au moment du triage au sort national, ils le feront. Au nom de quoi pourrions nous leur imposer la vision qui s’est construite progressivement, réunissant l’analyse d’un grand nombre de collectifs locaux pour une plus grande efficacité d’un tirage au sort national ?
La question du tirage au sort est d’ailleurs un très bel exemple de la force de l’itération. Il y a quelques mois, si un vote avait été organisé sur le sujet, on aurait vraisemblablement choisi des tirages au sort locaux.
En laissant mûrir le sujet, en tirant les leçons de notre expérience et en discutant sur le forum, on est arrivé à une formule différente, plus riche, plus construite, plus conforme à l’ADN de #MAVOIX.
Un autre exemple tout à fait constitutif de l’expérience #MAVOIX, c’est la question de qui pourra voter sur la plateforme. Au tout départ, c’était les électeurs de #MAVOIX. Au fur et à mesure de l’expérience, d’échanges nourris, il a paru beaucoup plus logique et conforme au projet que ce soit tous les citoyens qui bénéficient de cette avancée démocratique. Ca n’a pas été voté, ce fut maturé, conscientisé. Ca fait partie de la culture commune de #MAVOIX désormais. Et il faut aujourd’hui remercier celles et ceux qui ont fait avancer cette réflexion.
Plutôt que d’organiser des votes sur chaque question d’organisation ou de stratégie, nous pratiquons l’itération. C’est la stratégie des petits pas : ceux qui font, en particulier en local, les mains de le cambouis, décident en partageant, co-construisant, recueillant l’avis des personnes concernées et on avance comme ça. Quitte à se tromper et à corriger la trajectoire ensuite.
J’entends particulièrement les remarques de celles et ceux qui ne sont pas toujours là et c’est tout à fait normal. Mais comment valoriser aussi les heures innombrables de passées par des dizaines de femmes et d’hommes en local, en réunion bimensuelles de partage et de mise en commun, de maturation, et lors des réunions globales ? Les choses y avancent, il est fondamental que le travail fourni soit utilisé puisque #MAVOIX se construit uniquement par celles et ceux qui font l’effort d’y consacrer du temps, et c’est très beau de voir que ce ne sont jamais les mêmes. D’autant plus qu’il n’y est jamais pris de décisions, mais de la maturation, documentée à la suite dans les comptes rendus. En résumé, à #MAVOIX les décisions ne sont pas prises, elles arrivent à maturité, elles deviennent évidentes.
Ces questions sont passionnantes, c’était exactement les mêmes sur les places à Nuit Debout : qui est l’Assemblée souveraine ? Il n’y en a pas. Il y a celles et ceux qui oeuvrent, et c’est notre chance par rapport à Nuit Debout, dans un cadre philosophique et d’action très précis : les législatives de juin 2017, en ayant pour but d’expérimenter une dose de démocratie directe dans l’Assemblée Nationale. Nuit Debout dont j’admire le moment historique, s’est éteinte en ne trouvant pas de réponse à l’Assemblée souveraine. Parce qu’il n’y en a pas. Il est impossible de prendre des décisions pour ceux qui ne sont pas en ligne ou pas sur la place. D’engager ceux qui ne participent pas. Par rapport à Nuit Debout, nous avons l’immense privilège de savoir deux choses :
En amont de l’expérience, c’est l’itération et la maturation qui nous permet de co-construire notre action dans un planning imposé.
En aval, à l’Assemblée, c’est 40 millions de citoyennes et citoyens qui seront l’Assemblée souveraine pour décider sur les lois, dans un timing imposé, un cadre défini et très clair.
C’est ce qui a permis de faire entrer #MAVOIX dans le réel en 2016 (Y).
A nous toutes et tous d’écrire la suite ensemble en 2017.
#NousSommesCellesetCeuxQueNousAttendions