Quel protection contre le risque de noyautage de participation sur la plateforme deliberative?

Intéressant.
Concernant les « biais de sélection », ça se discute même si je pense comprendre l’argument. Après tout, aux législatives, les circonscriptions créent une compartimentation qui fait qu’une voix donnée n’influe de toute façon que sur 1/577e du résultat. Ou pour prendre un scrutin plus « représentatif » comme les européennes, une voix joue sur une partie (parmi 8) et non directement sur le résultat national entier.
L’accès facilité a ses vertus, oui. Il faudra se poser la question de la lutte contre la fracture numérique (p.ex. que « notre » réserve parlementaire serve en partie à améliorer des réseaux, des points d’accès).

Le noyautage serait effectivement un paradoxe dans le sens où, si tout le monde votait, un noyautage n’aurait aucun sens (il faudrait néanmoins se protéger contre la fraude mais le noyautage stricto sensu est un vrai vote de vrais individus). Si la participation, sans être totale, était équi-répartie (au vu de critères pertinents), non plus.
C’est quand la participation est faible et « asymétrique » qu’il y a un souci, un risque de noyautage, toutefois favorisé par le web: un groupe très interconnecté (ex. typique: les partisans d’Asselineau) va se passer le mot pour venir voter. Ce sera efficace de façon plutôt ponctuelle et sur les votes les moins intéressants, ceux sur lesquels il y a le plus de « sans opinion », souvent portés par les secrétaires d’Etat les moins connus. Si même après le vote tout le monde se désintéresse de la question il n’y a guère de souci. Sinon on reporte en quelque sorte sur le peuple le souci des lois ou amendements votés nuitamment en très petit effectif. Et l’éventuelle leçon cuisante peut porter pour les endormis. Néanmoins elle peut servir des adversaires: « regardez leurs votes, il peut s’y passer n’importe quoi »…

Le profil du vote stratégique est intéressant à détailler: souvent, il s’agirait d’un vote de conviction porté, poussé, par une organisation, un parti (qui a vocation à avoir un avis sur toutes les lois), une ONG thématique (ex. Générations Futures) qui elle sera à fond sur certeins projets et ne dira rien sur d’autres, une organisation professionnelle, groupement d’entreprises ou de salariés… Souvent, on suit les avis de telle ou telle organisation, même quand on y est adhérent, parce qu’on y croit un minimum: ceux qui se fichent de la question ou ont un désaccord ponctuel ne vont pas forcément s’embêter à voter dans le sens indiqué, en tous cas la réticence va affaiblir l’élan global. Le vrai souci peut être non pas tant le bête achat direct de voix mais plus subtilement, d’une part la publicité (liens sponsorisés internet et pub plus classique) visant à faire voter de telle façon, d’autre part le vote visant à défendre des intérêts pécuniers professionnels et potentiellement effectué depuis le lieu de travail. Pour ces derniers, il s’agit généralement aussi de vote de conviction (quand un projet va contre ton intérêt, il y a une forte tendance à penser qu’il est mauvais non pas seulement pour toi mais aussi pour la collectivité) et cela remplit le but de remplacer partiellement les pétitions et manifestations par un vote à influence directe: en ces sens-là, on est là pour ça.

Sur la « suivabilité » du vote en cours de route, on ne pourra pas connaître les résultats partiels en cours de route comme pour un « sondage en ligne » comme on en a sur des sites de presse ou des forums, un vote sérieux ne se dépouille qu’à la fin (il me semble), par contre on pourrait avoir un suivi de la participation (comme pour les votes à l’urne, où dans certaines villes la participation heure par heure est remontée et affichée) donc une faible participation pourra être un signal d’alerte.

Pour ce qui est de porter les débats, le laisser à d’autres endroits (dans les commentaires de Rue89 ou du Figaro etc) est la solution la plus simple.
Quitte à avoir des résumés rapides des argumentaires (presse/blogs et parlementaires) : compilation rapide + sources mais sans commentaires infinis à gérer. Mais même ça, ça peut être trop: la plateforme de vote est un bête boîtier à boutons. Encore que le rôle de nos élus et de leurs assistants va aussi être d’informer: en siégeant tout le temps, en côtoyant les autres, ils auront un bon accès à l’information, meilleur qu’en restant devant sa télé ou autre media en tous cas donc il faut en faire profiter tout le monde.
De toute façon, actuellement, même sans influence citoyenne aussi directe qu’il n’y en aurait avec nous, les projets de loi et amendements importants sont débattus dans les media ou autour d’un café. Parfois on ne parle pas assez de certains mais l’existence d’un vote dessus devrait aider à rééquilibrer et si malgré tout il y a des mesures à prendre mais que ça n’intéresse que ceux qui s’y connaissent, c’est comme c’est et voilà.
Là où ça peut être vraiment compliqué mais possible, c’est pour élaborer nous-même des propositions de lois. Voter des amendements, signer des propositions (un député à court de signataires pour un texte peut venir en chercher auprès des nôtres, le nombre de signataires dépendra du vote « pour »), ce sont des affaires qui peuvent se régler avec « le boîtier de vote ».

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