Ca devient intéressant.
On touche à un problème cardinal. Comment un mouvement éparpillé sur le territoire peut-il s’organiser sans retomber dans les affres de la mauvaise représentation ?
Et surtout quand le temps presse un peu. Qu’on a pas envie que tout s’essouffle.
Le problème c’est que Mavoix n’a pas répondu à cette question.
Mavoix n’a jamais réussi à mettre en place une organisation interne satisfaisante au niveau national.
On a eu un sujet de forum là-dessus, qui a fini par s’endormir.
Il ne faut pas confondre le tirage au sort des portes voix (qui n’ont pas été élus et qui n’ont jamais eu à tenir aucun rôle de relais ou de représentation) et l’organisation interne du mouvement.
Quand il y avait des hang outs ou des réunions nationales pendant lesquelles des décisions parfois cruciales se prenaient, c’était les présents qui décidaient et puis c’est tout. Il y avait des retours possibles, mais aucune procédure qui permettent de donner des rôles clairs à un tel ou un tel, qui permettent d’avoir des référents qui conviennent autrement que par un consensus silencieux et mou (dans le sens : pas vraiment décidé, ni très explicite).
Ce genre de fonctionnement qui favorise ceux qui ont du temps et qui peuvent être là au bon moment n’a tenu et n’est resté acceptable que parce que nous n’étions pas beaucoup. C’était sauvage. Ça reposait sur une bienveillance tacite qui n’est pas suffisante lorsqu’on est trop nombreux. On pouvait tenir lieu de représentant du groupe local si on le décidait. On pouvait venir pour sa pomme. Tantôt c’était « Je », tantôt c’était « nous ». Mais bon, lors des réunions nationales, il n’y avait que cinquante à soixante dix personnes. C’est ce qui permettait de rendre la chose acceptable. Et c’était censé être « Mavoix », et non pas des représentants.
Autant dire que pour les gilets jaunes, ça devient coton.
Personnellement, je trouve que c’est une grosse limite du fantasme de l’horizontalité (qui est dangereux, il suffit de voir ce que ça crée dans le management). Parce qu’il y a un moment où, s’il n’y a pas de procédure qui donnent des rôles PONCTUELS à certaines personnes, que ce soit des rôles de représentants ou des rôles techniques, ces rôles vont quand même être pris (par ceux qui sont au bon endroit au bon moment, ceux qui parlent mieux que les autres, ceux qui ont le temps et l’envie etc).
L’horizontalité c’est soit on y va tous, soit personne n’y va. Bon courage les gilets jaunes
Un fonctionnement démocratique n’est pas horizontal. Il demande des rôles qui ne sont pas symétriques. Il faut simplement que ces rôles tournent pour que personne ne se les accaparent. Et dans des mouvements spontanés comme les gilets jaunes, il vaut mieux qu’ils tournent vite et de manière un peu efficace.
Exemple : Si Manu nous rédige un document de synthèse, et bien il a un rôle que les autres ne peuvent pas avoir à sa place. Il va forcément prendre des décisions que les autres devront accepter, même si elles paraîtront minimes. C’est normal. Le problème c’est qu’aucune procédure ne nous dit pourquoi il a ce rôle ni qui lui a donné.
Le tirage au sort ne suffit pas. Il faut définir les rôles. Leur durée. Leurs conditions. Etc.
Nuit Debout n’a rien réussi à organiser au niveau national, Mavoix n’a prétendu le faire que parce qu’il y avait le cadre des élections, qui lui est national, et qui offrait énormément de procédures de références. Sans ça…
Si nous arrivons à nous organiser pour les gilets jaunes, ce sera une étape importante. Pour moi, il n’y en a pas de plus grande.