Gilets jaunes, désignation des porte-paroles et méthode MAVOIX

Bonjour à tous et toutes,

J’ai réceptionné et répondu à un message envoyé à la page Facebook MAVOIX par Antoine Paulet. Le voici in extenso (je l’ai juste aéré avec des sauts de lignes)

Bonjour,

Les gilets jaunes se cherchent des représentants et des porte-parole autoproclamés émergent de nulle part. Je me demandais si vous ne pourriez pas nous apporter votre aide.

Pouvez-vous contacter la page « Les Gilets Jaunes » qui s’est retrouvée à coordonner une partie du mouvement et les aiguiller pour trouver des responsables du mouvement. L’idéal serait de tirer au sort des porte-parole (1 par département par exemple, puis une dizaine parmi eux qui vont discuter directement avec les dirigeants) parmi des candidats gilets jaunes. Qu’en pensez-vous ?

Ce serait dommage que le mouvement se divise sur des luttes de pouvoir alors qu’un mouvement populaire se crée

Voilà, le mouvement des gilets jaunes se cherche des porte-paroles, à voir si l’expérience acquise par #MAVOIX peut être utile aux gilets jaunes :slight_smile:

Il me semblait que des porte-paroles, des messagers, avaient déjà été désignés : https://fr.scribd.com/document/394182515/Les-Gilets-jaunes-ont-designe-huit-porte-paroles.

Bonjour, c’est moi qui ait fait appel à vous et votre expérience pour aider les gilets jaunes à désigner des représentants.

8 porte-parole avaient été désignés sans concertation par la page Les Gilets Jaunes (un s’est désisté plus tard). Ils ont fait une contre-performance à Touche Pas à Mon Poste (j’ai pas regardé mais c’est ce qu’on m’a rapporté).

Un sondage a ensuite été proposé par la page Les Gilets Jaunes pour savoir si les gens soutenaient ces représentants. Il est ressorti que non. C’est là que je fais appel à vous, pour aider la page Les Gilets Jaunes qui essaie, je pense, sincèrement d’aider mais qui a un gros soucis d’organisation.

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Faites-vous parti des administrateurs de la page Les Gilets Jaunes ?

C’est important de savoir s’ils partagent votre analyse quant à un besoin de faire évoluer les méthodes de désignation des porte-paroles.

Quelques liens aborder le tirage au sort « à la MAVOIX » :

Je cherche le lien vers le retour d’expérience détaillé, et je compléterai.

Non, je n’en fais pas partie. Je me suis dit que #MaVoix aurait plus de légitimité, et se ferait entendre plus facilement, pour proposer un moyen de désignation des porte-parole.

J’ai envoyé un message à la page Les Gilets Jaunes disant globalement la même chose qu’à vous en même temps, ne sachant pas si vous répondriez.

Personne n’est légitime tant que le besoin n’est pas exprimé. Autrement, je pense que ça fait un peu « donneurs de leçons ».

Je pense qu’il y a un besoin et une demande des gilets jaunes. Vous n’êtes peut être pas de mon avis mais je préférerais tenter de convaincre les admins de la page Les Gilets Jaunes même si on passe pour des malpolis.

Sinon, on va se retrouver avec des gens sortis de nulle part qui vont, et ont déjà commenté, à récupérer le mouvement

Le risque de récupération est réel…

Ce que je retiens du sondage, c’est que l’écrasante majorité de veut pas de porte-paroles.

Je vais voir si je peux rassembler plus de données sur notre tirage au sort, pour que la méthode soit claire au cas où certain.es souhaiteraient l’utiliser.

Je vous rajoute le lien vers notre Wiki, qui contient une quantité très importante d’informations opérationnelles qui peuvent être utiles à n’importe quel mouvement collectif : mavoix

Les Gilets Jaunes viennent de poster ça. Ce serait peut être le meilleur moment pour votre entrée sur la scène

Bonjour ,
Je pense que ma Voix serait le Collectif le plus légitime
Une autre éventualité ou en complément c’est que les GJ au niveau national / régional/ local s’adressent à la Communauté des Facilitateurs et Facilitatrices
Il y a un Groupe sur FB

À titre personnel, si je suis solidaire des revendications du mouvement des Gilets jaunes, je n’ai pas de temps à consacrer à la mise en place d’un tirage au sort. Pour les législatives, l’organisation du tirage au sort a demandé des semaines de travail à de nombreuses personnes.

En revanche, si des personnes ont des questions sur l’organisation d’un tirage au sort dont les réponses ne trouvent ni sur le wiki, ni sur le site Web, ni sur le dépôt de code, je veux bien essayer d’y répondre, particulièrement pour la partie outils informatiques.

Pour l’instant, ma publication dans le groupe MAVOIX n’a malheureusement pas amené beaucoup de réactions dans cette discussion.

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Un des fondements de MaVoix est dans le nom du mouvement !
Il y a pas de représentants, il n’y a que des personnes disant « JE » ou « Moi » .
C’est le je qui je pense crée l’engagement et l’attachement. On peux être d’accord sur deux ou trois choses ensemble mais jamais sur tous. Donc une des règles à émettre le plus rapidement et a faire comprendre chez les Gilets Jaunes. C’est de dire tous le temps JE et de passer le micro devant les cameras pas à une seule personne mais a deux, trois, 10, 20 personnes sur la même interview. qui répondront à une question mais par « je » et pas « nous ».

Si tous le monde à un Je pense pour le bien commun alors le mouvement des GJs fonctionnera et les gens se sentiront appartenir à quelques choses de fort et indestructible.

Courage et si j’ai l’occasion, je passerais surement faire un coucou :slight_smile:

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Ca devient intéressant.

On touche à un problème cardinal. Comment un mouvement éparpillé sur le territoire peut-il s’organiser sans retomber dans les affres de la mauvaise représentation ?

Et surtout quand le temps presse un peu. Qu’on a pas envie que tout s’essouffle.

Le problème c’est que Mavoix n’a pas répondu à cette question.

Mavoix n’a jamais réussi à mettre en place une organisation interne satisfaisante au niveau national.

On a eu un sujet de forum là-dessus, qui a fini par s’endormir.

Il ne faut pas confondre le tirage au sort des portes voix (qui n’ont pas été élus et qui n’ont jamais eu à tenir aucun rôle de relais ou de représentation) et l’organisation interne du mouvement.

Quand il y avait des hang outs ou des réunions nationales pendant lesquelles des décisions parfois cruciales se prenaient, c’était les présents qui décidaient et puis c’est tout. Il y avait des retours possibles, mais aucune procédure qui permettent de donner des rôles clairs à un tel ou un tel, qui permettent d’avoir des référents qui conviennent autrement que par un consensus silencieux et mou (dans le sens : pas vraiment décidé, ni très explicite).

Ce genre de fonctionnement qui favorise ceux qui ont du temps et qui peuvent être là au bon moment n’a tenu et n’est resté acceptable que parce que nous n’étions pas beaucoup. C’était sauvage. Ça reposait sur une bienveillance tacite qui n’est pas suffisante lorsqu’on est trop nombreux. On pouvait tenir lieu de représentant du groupe local si on le décidait. On pouvait venir pour sa pomme. Tantôt c’était « Je », tantôt c’était « nous ». Mais bon, lors des réunions nationales, il n’y avait que cinquante à soixante dix personnes. C’est ce qui permettait de rendre la chose acceptable. Et c’était censé être « Mavoix », et non pas des représentants.

Autant dire que pour les gilets jaunes, ça devient coton.

Personnellement, je trouve que c’est une grosse limite du fantasme de l’horizontalité (qui est dangereux, il suffit de voir ce que ça crée dans le management). Parce qu’il y a un moment où, s’il n’y a pas de procédure qui donnent des rôles PONCTUELS à certaines personnes, que ce soit des rôles de représentants ou des rôles techniques, ces rôles vont quand même être pris (par ceux qui sont au bon endroit au bon moment, ceux qui parlent mieux que les autres, ceux qui ont le temps et l’envie etc).

L’horizontalité c’est soit on y va tous, soit personne n’y va. Bon courage les gilets jaunes :slight_smile:

Un fonctionnement démocratique n’est pas horizontal. Il demande des rôles qui ne sont pas symétriques. Il faut simplement que ces rôles tournent pour que personne ne se les accaparent. Et dans des mouvements spontanés comme les gilets jaunes, il vaut mieux qu’ils tournent vite et de manière un peu efficace.

Exemple : Si Manu nous rédige un document de synthèse, et bien il a un rôle que les autres ne peuvent pas avoir à sa place. Il va forcément prendre des décisions que les autres devront accepter, même si elles paraîtront minimes. C’est normal. Le problème c’est qu’aucune procédure ne nous dit pourquoi il a ce rôle ni qui lui a donné.

Le tirage au sort ne suffit pas. Il faut définir les rôles. Leur durée. Leurs conditions. Etc.

Nuit Debout n’a rien réussi à organiser au niveau national, Mavoix n’a prétendu le faire que parce qu’il y avait le cadre des élections, qui lui est national, et qui offrait énormément de procédures de références. Sans ça…

Si nous arrivons à nous organiser pour les gilets jaunes, ce sera une étape importante. Pour moi, il n’y en a pas de plus grande.

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Manu s’est proposé pour faire une synthèse, personne d’autre. C’est ça la procédure. Personnellement ça me va parce que @Manuel_Gard a été très présent tout au long du processus, donc je pense qu’il fera quelque chose de bien.

Je mets « bien » en gras, parce que d’autres personnes pourraient faire une synthèse différente, mais à ma connaissance personne ne prend le temps, parce que ce n’est pas leur priorité, parce qu’elles font autre chose.

Ça me paraît être une très bonne procédure : la personne la plus motivée et qui se sent capable, fait.

Effectivement, si tu cherches de l’ordre et des procédures plus strictes, c’est frustrant. Mais les deux peuvent fonctionner, simplement MAVOIX s’est construit sur ce mode de co-construction. Et a porté la candidature de 23 candidats aux législatives. Peut-être qu’en 2022, fort.es de nos apprentissages, on fera différemment.

Tes remarques sont justes. Je suis conscient que lorsqu’on prend une initiative, on influe de fait. C’est une responsabilité individuelle d’équilibrer son action entre une logique d’intention et une logique d’attention. J’ai le sentiment, mais peut-être je me trompe, que de prévoir à l’avance toutes les tâches, les process, etc, freine l’envie de participer car il n’y a pas la place pour la capacité d’initiative.
L’horizontalité est-elle possible dans les grands groupes ? c’est une vraie question dont on n’a pas vraiment la réponse. Les experts de la coopération et de l’intelligence collective bossent sur ce sujet. Je vous invite notamment à vous rapprocher en France de gens comme Jean-Michel Cornu et Laurent Marseault qui ont pas mal de choses super intéressantes à raconter sur ce sujet-là.

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Il me semble qu’ici on mêle et pourrait mélanger plusieurs niveaux, notamment le fonctionnement interne courant de MaVoix et ce que ça aurait donné en ayant des élus.

En fonctionnement interne déjà, il y a la théorie selon laquelle tout le monde est au même niveau - et il est sain de la garder à l’esprit.
En pratique, cela repose sur le bénévolat donc le fait de bien vouloir, d’avoir la disponibilité et les capacités pour faire telle chose. Et sur le fait de se sentir légitime, ce qui fait que les nouveaux arrivants vont avoir des freins par rapport à ceux qui étaient là avant, qui se montrent déjà « capables » en discours et en actes…

Sur le « dire « je » », c’est assurément vrai pour les militants et citoyens « de base ». Il s’arrête toutefois dès lors qu’il s’agit d’exprimer une position collective, en l’occurrence pour nous s’il s’agi(ssai)t d’exprimer en quoi consiste MaVoix, il y a un noyau dur de position collective bien définie (tirage au sort des candidats, report proportionnel des voix des citoyens) sur lequel ne pas raconter de salades, c’est-à-dire qui devient une réalité objective indépendante de celui/celle qui en parle. Quitte à redire « je » pour tout ce qui est accessoire, périphérique, pas calé ou sans rapport - mais la position définie reste un « nous », ou à la limite un « eux » dont « je » répercute la position sans la partager pleinement si « je » pose une divergence d’opinion sur des points actés.
Il semble nécessaire de préciser cette notion de point acté: idéalement, c’est quelque chose qui a été bien discuté et a fait l’objet d’une majorité ou d’un consensus (un consensus étant un nombre faible d’expressions publiques contre donc une sorte de vote, en fait). Souvent, ça se résume au fait d’avoir laissé des volontaires se lancer sur une mission et accepter le résultat: il pourrait être souhaitable d’expliciter cette étape d’acceptation.

Là où le "dire « je » " s’arrête aussi, c’est dans le cas d’un élu (ou porte-parole) comme on l’aurait souhaité pour nos éventuels députés (cas qui reste un peu théorique pour le moment…), dans la mesure où il s’agit pour eux de répercuter le vote des citoyens votant sur la plateforme de vote dédiée: on arrive à X « pour »/Y abstentions/Z « contre », c’est réparti en tirant au sort entre les élus (ou assimilés) donc chacun émet un vote final qui ne correspond pas forcément à ce qu’il aurait dit personnellement (sachant que son choix aura probablement été exprimé sur la plateforme de vote comme un citoyen parmi d’autres). C’est d’ailleurs différent de représentants « seulement » tirés au sort qui peuvent toujours exprimer leur propre décision, sachant que sur l’ensemble des tirés au sort le total devrait être représentatif.

Dans ce qui a facilité le fonctionnement du collectif, il y a le fait de ne pas être trop nombreux (sinon à un moment il aurait fallu disposer d’une plateforme de vote et fonctionner en réunion éventuellement asynchrone… ceci dit, le forum ou la page Facebook ont cette fonction dans une certaine mesure: on y voit bien ce qui fait consensus ou au contraire polémique). Le fait d’avoir des contingences extérieures, à savoir les contraintes du monde tel qu’il est (avant qu’on le change :slight_smile: ) a aussi joué: cela a posé des délais et a aussi obligé à des concentrations de responsabilités; le wiki mentionne d’ailleurs que des tâches quasi obligatoires dans le contexte électoral ont pu être « douloureuses » Retour d’expériences des ingrédients de la gouvernance expérimentée avec MaVoix — mavoix
Et ce qui aide, c’est aussi le fait d’avoir une cause commune (ainsi qu’une relativisation des divergences de fond: avec nos concepts de base, la plupart des questions de fond qui fâchent peuvent être renvoyées au fait que le peuple votera dessus et que nous-même n’avions pas besoin d’être du même avis dessus pour avancer).

Concernant le mouvement des gilets jaunes:
(déjà il convient de mettre un lien avec l’autre fil là-dessus, d’autant que je réponds un peu ici à ce qui a été dit là-bas: Gilets Jaunes un vivier de mavoix )
la difficulté est qu’il a émergé de façon très horizontale et dispersée, même si d’un autre côté c’est une bonne chose, la question étant d’en faire quelque chose.
Se pose la question du rapport au reste du monde et des pouvoirs, notamment les media, l’opinion publique, le gouvernement en place… concernant celui-ci, ils ont d’ailleurs deux grandes possibilités: demander et obtenir des modifications correspondant à des revendications (oui mais lesquelles?, exprimées ou transmises par qui? comment faire pression de façon à obtenir satisfaction? quand considérer qu’il y a victoire et possibilité d’arrêter en sortant gagnant?), ce qui est une voie « réformiste »; ou alors demander et obtenir le départ du gouvernement (mais comment? quoi mettre à la place? etc…) ce qui est une voie « révolutionnaire ».
En pratique, ce n’est pas si totalement binaire, ne serait-ce que parce qu’un gouvernement peut préférer lâcher du lest sous la pression plutôt que de tomber.
Les questions de gouvernance de la première partie (qui peuvent se re-poser encore plus fort dans la seconde) peuvent amener, au niveau des porte-parole éventuels:
-des porte-parole autoproclamés et partiels avec leurs idées préconçues, à savoir les associations et partis qui soutiennent le mouvement - le premier souci est qu’ils ne représentent qu’une partie, même à eux tous. (le communiqué ci-dessus indique qu’il a été ressenti le besoin de couper un peu la route à ces potentiels récupérateurs, même avec des personnalités éventuellement mal désignées)
-des porte-parole désignés, remontés avec un programme
-des porte-parole désignés, parlant en leur nom propre (mais désignés pour ce qu’ils sont susceptibles de dire…)
-des porte-parole tirés au sort (ou choisis au hasard du passage d’un média sur un barrage…) répétant un programme commun
-des porte-parole tirés au sort parlant en leur nom propre

Pour sortir des personnes, il faut un minimum définir l’ensemble dont elles viennent et la méthode de désignation ou tirage.
Sur le fond, en réalité dès lors qu’il y a discussions le « programme » et le « parler en son nom propre (en ayant entendu les autres) » peuvent relativement converger. Mais pas forcément ni totalement.

Là où on peut apporter des choses, c’est d’une part sur le tirage au sort, d’autre part sur des votes pour construire ou surtout valider un programme (mais là l’outil n’est pas forcément opérationnel et c’est dommage), enfin pour le fait de parler en son nom propre tout en assumant de faire partie d’un collectif mais sans excessivement l’engager.

Bonjour,
Juste une question peut être bête, est ce que #mavoix existe toujours?
Bien à vous