« Depuis Démocratie Réelle », je rebondis:
-le changement de fond est le passage de la répartition du vote du majoritaire à la proportionnelle
-sur la forme, l’absence de structure et le large changement d’effectif (certains anciens de Démocratie Réelle ont rejoint MaVoix mais c’est relativement rare)
-encore plus sur la forme, le changement de nom: même si les gens reconnaissent le concept s’il s’en souviennent, c’est difficile de refaire une communication sur un nouveau nom.
Ce dernier point me fait rejoindre ce qui a pu être dit par d’autres: il ne faut pas bêtement s’arrêter; sachant que l’aspiration au choix, à pouvoir régulièrement se prononcer sur les lois et l’exécutif va rester, il faut qu’il reste la structure informelle et le nom afin de ne pas avoir tout à reconstruire à chaque fois: l’énergie mise à démarrer ne sert pas à avancer directement.
En effet, refaire en 2022 comme en 2017 ce serait arriver avec un nouveau nom, une plateforme en projet, des MOOCs pas prêts,…
Ceci dit, ce serait s’écarter de la philosophie expérimentale un peu alternative, que je commence à comprendre sans forcément y adhérer, où on considère que l’important, c’est de construire en soi et qu’à la limite, il ne faudrait pas trop aller s’inspirer d’expériences ailleurs ou dans le passé (ni expliquer aux autres comment faire) mais faire sa propre expérience.
Au contraire, ce serait plus réagir comme des gens lambda (dont les électeurs) qui préfèrent les choses qui sont au point.
C’est sûr qu’un temps de co-construction est plus sympa à vivre que l’application de la recette semi-figée issue de celui-ci, parce qu’il ne faut pas tout remettre en cause tout le temps surtout à l’approche d’échéances.
Les échéances, justement, ont leur importance: il y a des échéances électorales auxquelles on veut participer, précisément parce qu’on se sent mal représentés par nos représentants et qu’on ne va donc plutôt pas les laisser se faire réélire ou se passer le relais sans offrir une possibilité d’aller plus dans notre sens.
Ces échéances changent le rapport au temps: si on faisait comme si elles n’étaient pas là, on ferait tourner une plateforme en donnant un résultat en sièges sans spécialement remarquer que, tiens, la « vraie » Assemblée est renouvelée intégralement en juin tous les 5 ans. Ce serait fonctionner sur un temps linéaire et plat.
Au contraire, si on participe aux échéances pour donner d’autres possibilités que le vote individuel par défaut (abstention, blanc, nul inclus), cela amène une incitation à avoir ceci au point à tel point d’un rétroplanning (dont le premier point est: établir un rétroplanning et l’actualiser régulièrement), bref c’est être dans une temporalité qui crée (parfois) de l’élan.
Mais les échéances recréent aussi le côté expérimental: chaque campagne est unique, ceux qui s’y impliquent ne sont pas toujours les mêmes.
Je retiens tout de même l’idée du double système: la partie politique qui se mouille à faire campagne, à peut-être s’allier sans trop se renier (typiquement, les Citoyens du Vote Blanc avec notre plateforme, leur seul programme étant sur la forme et non le fond comme nous) et d’autre part la partie purement associative qui ne se mouille pas et reste « gardienne du temple » et laboratoire d’idées. Même si, pour ceux qui seraient dans les deux, ça pourrait être lourd. Ce n’est pas forcément mûr pour le faire mais il faut garder l’idée dans un coin de la tête. Notons qu’il y a là une espèce de notion de pur et d’impur qui traîne… Il peut aussi s’agir de récupérer de fait la dynamique et les idées d’autres mouvances, pas en mode « entrisme bête et méchant » à l’ancienne, bien sûr, mais par exemple les amis de Chouard et du tirage au sort et nous, quid? Il y a une commune idée de faire rentrer le citoyen lambda à l’Assemblée sans autant de filtre de représentation…
Pensons par exemple aux deux mouvements semi-citoyens (fonctionnement avec un axe idéologique et une personnalisation mais adhésion gratuite, facilité pour participer au programme, aux candidatures, au militantisme) qui ont émergé à l’occasion de la présidentielle: il y a eu à la base et en parallèle de ce qui pouvait exister politiquement (des partis qui ne pesaient pas colossalement), des associations, des fondations (Copernic pour la FI, Montaigne pour EM), des mouvements d’éducation populaire… qui de fait et sans forcément tout à fait en être d’accord, surtout au moment où se construisaient les racines, ont alimenté le(s) truc(s).