L'individu et le vote : pouvoir changer d'avis en conscience

Je vois ce que tu veux dire.

Il y a la question informatique et ce que ça implique derrière qui me rend réticent à l’idée mais il faut peut-être s’en détacher: le piège, c’est de laisser l’outil faire de la politique à notre place.
Même si parfois, il est tellement plus facile de faire de telle façon que de telle autre que ça joue: sur la faisabilité, le coût…

Pour expliciter la question informatique (@Jean-Marc_Le_Roux en parlerait mieux que moi, je crois), le système de vote prévu est fait pour être infalsifiable et vérifiable grâce à l’enregistrement dans la blockchain. En gros, on écrit le vote dans le marbre ou même sur une multitude de morceaux de marbre. Ces propriétés d’infalsifiabilité et de vérifiabilité sont importantes politiquement, pour la crédibilité du résultat. D’autre part, comme pour un vote à l’urne qui est en fait ce qu’on reproduit, on n’a le résultat qu’à la fin d’une phase de dépouillement.

Le souci par rapport à la suggestion d’ici, c’est que justement on ne peut pas réécrire le vote.
Or, pour pouvoir refaire son vote en connaissant le résultat général provisoire, il faut (les deux points ne sont pas impérativement liés même si ce ne serait pas rien de n’en garder qu’un):

  • d’une part, pour connaître le résultat général provisoire, dépouiller le vote en continu (cas des petits votes qu’on voit sur des sites ou des forums, souvent accessibles sans inscription, p.ex. sur le site de presse lepoint.fr ) ou en semi-continu, par exemple en mettant l’affichage à jour tous les 10 ou 100 votes pour mieux préserver le secret du vote: si mon voisin me dit qu’il a voté et que c’était à une heure très calme, je sais ce qu’il a voté: il y a une voix de plus pour le « pour » par rapport à tout à l’heure… inversement, plus il y a de flux, plus c’est anonyme (un peu comme dans le métro).

-d’autre part, pouvoir effacer et refaire son vote: il me semble que ça suppose forcément que la plateforme garde un lien entre la personne / le compte et le fait qu’il a voté de telle façon. Pour pouvoir corriger un vote blanc en « pour », il faut aller effacer un blanc en ayant vérifié que le compte avait bien mis un blanc, puis rajouter un « pour » (ou le remplacer: de toute façon, une telle opération ne change pas le total des suffrages). En gros, le vote n’est plus gravé dans le marbre mais écrit à la craie ou au crayon.
Une variante serait de ne permettre qu’une poignée de changements et pas une infinité: tu as voté blanc, puis pour, puis contre… on va peut-être s’arrêter à un moment. Il y aurait là un côté pratique mais aussi une idée d’illégitimité du 3e/Nième changement d’avis. Bon, si le vote est définitif, c’est déjà considérer le premier changement d’avis comme illégitime. Et après tout, devoir dire « c’est mon dernier mot » a un côté responsabilisant - et reposant: on peut passer à autre chose.

Cependant, il y a bien un moment où le résultat provisoire compte plus qu’à d’autres et même définitivement: celui où on le prend pour le répartir entre nos députés (même fictivement si on n’en a pas), à temps pour qu’ils sachent quoi voter.

« Dépouiller » un peu en direct (même sans afficher le résultat pour tous ou pouvoir modifier son vote, d’ailleurs) permet d’être plus réactif et de laisser les votants se prononcer le plus tard possible, notamment si le vote est avancé ou retardé par rapport à l’heure prévue, dans une Assemblée où les débats ne sont pas rythmés sur la pendule. Vu qu’il y a un délai entre le vote de notre premier et de notre dernier député, on pourrait même imaginer adapter le résultat en direct compte tenu des premiers votes émis (définitivement, pour le coup) et de l’évolution du vote plateforme mais cela devient délicat…

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