Bonjour à tous,
Je tente de faire une petit post afin de donner mon expérience.
Je ne pense pas être le seul ayant vécu ainsi et j’invite tout le monde à compléter/corriger mes propos.
Les exclus des quartiers HLM.
J’ai 5 sœurs, 1 frère, j’ai grandi en HLM jusque mes 22ans, issu d’une famille monoparentale et même converti de 11 ans à mes 27 à la religion musulmane, j’ai obtenu mon BEP compta et j’ai fuis les bancs scolaires en 1ere d’adaptation donc avant l’obtention d’un bac.
Un cour compte rendu de ma vie que je suis fier de porter aujourd’hui.
Et si je peux en être fier c’est seulement grâce à ma réussite professionnelle actuelle. Depuis 6 ans j’ai créé mon entreprise qui est un réel service gratuit d’aide au patient et qui m’offre pourtant la possibilité de vivre correctement avec une pseudo vie de rentier. Un projet innovant, félicité et remercié très souvent.
Sans ceci, je serai sans cesse dans l’évitement.
J’éviterai de parler d’école, de fac, de diplômes.
J’éviterai de parler des vacances, des voyages, des multiples sorties, des expos, des restaurants que l’on a pu faire enfant.
J’éviterai de dire où j’ai grandit et comment.
J’ai eu trois chances dans ma vie :
La première est d’avoir une mère au vocabulaire riche ;
La deuxième est d’avoir passé mes années collèges dans l’une des deux classes 3/4 LV1 allemand, 1/4 LV1 anglais (je faisais parti de ce dernier 1/4). Ce cursus est souvent choisi par les parents pour le coté élitiste. Ceci m’a ouvert à d’autres vies, celle des pavillons, des fils d’ingénieurs, de cadres, et pourtant des gens tout à fait accessibles et en fin de compte très simple.
Et la troisième est d’être blanc.
Alors depuis tout jeune, j’ai grandi avec ce double cursus sociologique, un pied dans mon quartier, un autre avec mes amis de classe. C’est sur cette expérience que je vais exposer certaines situations qui ont créé une partie de l’exclusion politique.
Le manque de présence.
Le maire jamais présent promet c’est sûr, mais fait que s’il en est obligé. Soit par une pression préfectorale « il faut réaménager le quartier car c’est trop dangereux actuellement » ou lors des campagnes électorales s’il est de gauche et se sent en danger. Les députés ne sont même pas connus, oublions les sénateurs. Bref, le désert politique.
Le dénigrement et l’auto-dénigrement.
Dans une époque où celui qui a est celui qui impose, la frontière entre les quartiers HLM et les politiciens s’y retrouve entièrement.
La politique est inaccessible avec son vocabulaire, ses costumes, ses voitures avec chauffeurs, ses dorures, un air de regardez tout ce qu’on a, c’est nous qui en imposons.
L’auto-dénigrement est ici la grande raison des exclus des quartiers HLM. La certitude que de connaître le maire est le maximum de leur possibilité. Qui écouterait une personne venant de nulle part et n’ayant aucun patrimoine ?!
La prestance politicienne montre des hommes calculateurs et donc loin des gens entiers et vrais.
De temps en temps, une personne d’origine étrangère (qui se voit bien soit par son nom ou par son faciès) est à l’affiche d’un parti. Ca fait jeune et ouvert.
En dehors de cette personne, l’exclusion est omniprésente et tellement ancrée qu’il nous faut pas feindre une fausse proximité. Il faut être simple, vrai, concret.
Ne pas hésiter à dire : « Nous n’allons pas vous mentir. Vos problèmes, nous ne les connaissons pas et nous n’allons pas faire semblant de vous comprendre. Ce que nous vous apportons aujourd’hui, c’est la possibilité, malgré toutes vos difficultés et votre éloignement de la politique, d’imposer votre opinion. Une chose nous rassemble tous et qu’importe notre étage dans l’ascenseur social. Nous voulons tous, nous faire entendre et nous savons que c’est ensemble qu’il faut le faire, alors ne restez plus à penser que dans votre HLM vous n’avez pas le droit de donner votre avis et voici notre solution, la plateforme de vote ». (l’idée est surement à prendre, les mots appartiennent à chacun)
La plateforme de vote est la solution.
1 - Il faut la montrer simplement et accessible.
2 - Mais encore plus important il faut la montrer réellement utile.
On peut parler autant qu’on veut de la philosophie. Ca ne sert à rien. Il nous faut montrer comment ça sera, concrètement, pour peut-être avoir la chance d’être suivi.
J’espère avoir été utile…
Afin de resserrer les liens entre les jeunes des quartiers et notre action citoyenne, je vous propose une rencontre à la médiathèque de Taverny le mardi 28 Mars 2016 de 16h à 20h.
En collaboration avec un ami, Ali, responsable des animations 16-25ans en MJC dans deux quartiers HLM (dont le mien jeune « les Sarments » à Taverny).
Cette rencontre sous un format de café-débat aura deux intérêt :
- Mettre en avant les différentes élections qui se joueront en 2017 « Qui fait quoi ? »
- Confrontation entre des citoyens hyper-engagés comme nous et des citoyens déserteurs, déçue ou ignorant la politique. S’ouvrir vers l’autre sera enrichissant pour tout le monde.
Nous sommes si nombreux à se plaindre du profil tellement homogène des citoyens que nous rencontrons dans nos divers manifestations, alors cette journée à pour objectif « l’ouverture » et je suis fier de porter cette rencontre.
En espérant vous compter nombreuses et nombreux avec vos compétences et votre enthousiasme personnel.