Sur le fond et sans creuser une question spécifique, l’idée du « truc horrible » c’est de penser que « mon ego » (moi + mes amis qui pensent pareil sur le sujet) a absolument raison et que « l’Autre » a absolument tort. C’est une version plus dure du tort/raison, généralement parce que le sujet est dur, parfois littéralement une question de vie ou de mort. On retombe aussi sur la grande question identité/altérité. Sauf qu’en débattant, on se rend compte que pour « l’Autre », c’est le contraire du « truc horrible » qui est un truc horrible. Le débat devient donc « horreur à mes yeux » contre « horreur aux yeux de l’autre »… et on en arrive toujours, sauf éventuellement sans la mesure où la question n’est pas vraiment binaire, à autoriser voire ordonner par la loi quelque chose qui est « horrible » aux yeux de certains, normalement une minorité mais c’est dur quand même.
Sur certains sujets, la question est assez grave et tranchée assez anciennement pour qu’une réponse ait été ancrée dans la Constitution, ce qui impose une majorité renforcée pour la changer: soit 3/5e des députés et sénateurs, soit un référendum « officiel ». Ca peut encore arriver mais c’est plus compliqué.
Il se peut aussi qu’il y ait un traité international signé par notre pays qui interdise telle évolution: la loi ordinaire ne l’emporte pas sur un traité (sinon en fait ça ne servirait à rien d’en signer, si les autres pays signataires -et on est « un autre pays » pour « les autres »)
MaVoix est effectivement un référendum permanent mais dont l’effet n’est que partiel tant qu’il y a des élus classiques, élus sur un programme et s’y tenant à peu près.
Or il se trouvera à mon avis toujours du monde pour pondre un programme plaisant à au moins « quelques % » de la population, éventuellement élaboré de manière collaborative avec son électorat (ce qui est un progrès et on n’y serait pas pour rien) donc récupérer ces « quelques % » et avoir des élus avec, donc toujours des élus plus ou moins classiques qui nous diluent. D’autre part on transmet les votes de manière proportionnelle, ce qui est une manière d’atténuer l’effet écrasant de la majorité sur la minorité et même la condition nécessaire pour que la possible minorité nous rejoigne et même avant les autres: plutôt que d’élire un député de votre parti/camp habituel qui sur tel point propose un « truc horrible » à vos yeux que vous validez en votant pour lui, votez MaVoix et vous ne vous tirerez jamais une balle dans le pied par votre propre vote (pour moi personnellement c’est la motivation centrale).
Pour ne pas permettre le vote du truc horrible, il faudrait proposer pour certains votes une version tronquée: contre ou abstention? Alors que les vrais députés de toute étiquette ont le bouton « pour » à disposition aussi. Ce serait donc rompre le lien entre le vote populaire sur la plateforme et celui des élus à l’Assemblée et retomber dans les travers des programmes.