Du mandat impératif

Suite au retour de Cédric à ce sujet, après la réunion du 26/09 sur l’empowerment citoyen au Consulat, je partage un texte sur lequel nous avions travaillé au moment de Strasbourg rassemblant les arguments sur ce sujet :

Du mandat impératif

Un reproche fait régulièrement à la proposition de #MAVOIX d’un député qui ne vote pas selon son opinion propre mais selon celle de ses électeurs, à chaque fois, sur toutes les lois est que cela serait contraire à la constitution. Explication de texte.

Mandat impératif et mandat représentatif

Le mandat impératif est le pouvoir délégué à une organisation ou un individu élu en vue de mener une action définie dans la durée et dans la tâche, selon des modalités précises auxquelles il ne peut déroger.

Il s’oppose au mandat représentatif selon lequel le représentant peut agir en tous domaines à sa guise, car il n’est pas tenu de respecter les engagements qu’il aurait éventuellement pris devant ses mandants.

Ce que dit la Constitution

L’article 27 de la constitution française du 4 octobre 1958 dispose :
« Tout mandat impératif est nul. Le droit de vote des membres du Parlement est personnel. ».

Ce qui se passe aujourd’hui

Aujourd’hui, les députés sont sensés voter en leur âme et conscience mais, en réalité, ils reçoivent des instructions de vote de la part de la direction de leur parti par l’intermédiaire du bureau groupe politique auquel ils appartiennent au sein de l’Assemblée nationale.

Ainsi, ce sont souvent 3 personnes dans un bureau qui décident du vote de centaines de leurs collègues qui n’ont d’autre choix que de faire ce qu’on leur dit, sous peine de se voir ostraciser (privés de temps de parole, défavorisés dans l’attribution de la réserve parlementaire etc.)

Parfois, les instructions de vote, ou le texte des amendements soumis au vote peuvent même provenir de groupements d’intérêts privés. Des exemples ici et .

Lors des élections législatives de 2007, il a été soutenu par François Bayrou que les candidats qui sollicitaient l’investiture de l’UMP ou du Nouveau Centre avaient dû signer un document par lequel ils s’engageaient à ne pas voter de motion de censure durant la législature et à voter toutes les lois de finance et de financement de la sécurité sociale (Source Wikipédia - Discours de François Bayrou au Conseil national de l’UDF, 10 mai 2007).

Le fonctionnement actuel est donc déjà anticonstitutionnel.

Ce que propose #MAVOIX

#MAVOIX propose d’expérimenter la démocratie continue qui vise à ne pas rompre le lien entre le député et ses électeurs. Au lieu de voter une fois tous les 5 ans, les électeurs seraient consultés sur toutes les lois et verraient leur opinion relayée par les députés #MAVOIX.

Il n’y a pas de mandat impératif à proprement parler puisqu’il s’agit d’un contrat moral basé sur la confiance. Il s’agit justement de sortir d’un système où le mandat impératif déguisé, aux mains de quelques-uns, est la règle.

En introduisant de l’incertitude dans le système, #MAVOIX se rapproche de l’esprit de la Constitution qui cherche à garantir la sincérité des débats, chacun pouvant exprimer son opinion personnelle.

Une tactique politique

Le projet de #MAVOIX est de sortir de cette logique délétère qui veut que la pratique du pouvoir, comme sa réussite ou son échec, repose sur une personne ou au mieux, quelques personnes.

C’est une tactique politique.

Nos expériences ne pourraient émerger si nous personnifions. Chaque être humain propulsé est achetable. Récupérable. La pression est trop forte et les lobbys de toutes sortes extrêmement puissants.

Nous divisons à quelques centaines et milliers la pression médiatique et politique, ainsi elle est plus supportable. Si l’un ou l’une échoue, ce qui est possible, humain et anticipé, les autres sont là pour maintenir le cap.

Nous ne nous cachons pas, nous incarnons la longue traîne au quotidien, agrégeant nos parts de voix sur la toile et invitant nos contacts à porter une part du projet. Il sera très difficile de contenir un mouvement citoyen qui est décentralisé, non personnifié, horizontal. Comme l’est la Blockchain.

Il est alors compliqué de s’attaquer à une ou des têtes, il n’y en a pas. Tout est pensé pour cela. Comme il n’y pas de mandat impératif puisqu’il n’y a pas de contrôle ni de sanctions mais uniquement un contrat moral basé sur la confiance.

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top ! Merci @tielpi !

Excellent résumé.
Juste une toute petite correction, ‹ le fonctionnement actuel › n’est pas anticonstitutionnel, il n’est pas contraire à la constitution, il est juste ‹ nul › donc illogique théoriquement, mais bien pratique pour les ‹ décideurs › comme l’a dénonce Bayrou.
Est-il contraire à l’esprit de la constitution ?
Si cela avait été le cas, il n’aurait pas nullifié mais sanctionné. C’est bien un vice de fond, qui ne se limite d’ailleurs pas à la France puisque l’europe l’impose dans ses décisions et va jusqu’à sanctionner les états qui pratiquent le mandat impératif.

Bonjour @cleisthenes
Suite à ton intervention sur le wiki, je viens de modifier (de ma seule initiative) l’article sur le wiki.

Je n’avais cependant pas lu ton commentaire ici.

Je demande donc à chacun si :

  1. Vous êtes d’accord pour laisser ma version annotée et modifiée en place (ou alors est ce qu’on repasse à l’ancienne qui correspond au texte ci-dessus)

  2. Vous avez des sources pour m’éclairer sur la distinction à faire entre un « fonctionnement contraire à l’esprit de la Constitution » et un « fonctionnement nul mais pas contraire à l’esprit de la Constitution »

En fait, pardon, il n’y a aucune raison que je modifie seul un texte réalisé à plusieurs.
Je remets donc en place la version précédente et vous soumet les améliorations suivantes en essayant de répondre à la question soulevé par @cleisthenes

NB : Passage dupliqué plus bas et supprimé ici pour plus de clarté.

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Pourrais-tu faire apparaître les modifications que tu proposes? En surlignant je ne sais pas… c’est dur de suivre sinon…

De tout ce que j’ai lu pour l’instant, ce post est l’un de ceux qui m’ont le plus éclairé. Il faut absolument qu’un chapitre sur ce sujet soit inclu dans la pré-formation des TAS car c’est l’un des principaux points sur lesquels ils seraient attaquables (presse, autres députés …)(cf post #MAVOIX et la presse). En me projetant comme TAS (je candidate) voilà un sujet qu’il faut maitriser, où il faut absolument pouvoir avoir de la répartie.

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Selon le conseil de @Sly, voici l’article sur le mandat impératif sur le wiki auquel j’apporte ma contribution (en italique ET gras)
«  »
Mandat impératif ou pas ?
(texte sur lequel nous avions travaillé au moment de Strasbourg rassemblant les arguments sur ce sujet)
Sommaire

Du mandat impératif

Un reproche fait régulièrement à la proposition de #MAVOIX d’un député qui ne vote pas selon son opinion propre et personnelle mais selon celle de ses électeurs, à chaque fois, sur toutes les lois est que cela serait contraire à la constitution du 4 octobre 1958.

Explication de texte :

Mandat impératif et mandat représentatif

Le mandat impératif est le pouvoir délégué à une organisation ou un individu élu en vue de mener une action définie dans la durée et dans la tâche, selon des modalités précises auxquelles il ne peut déroger.

Il s’oppose au mandat représentatif selon lequel le représentant peut agir en tous domaines à sa guise, car il n’est pas tenu de respecter les engagements qu’il aurait éventuellement pris devant ses mandants.

Ce que dit la Constitution

L’article 27 de la constitution française du 4 octobre 1958 dispose : « Tout mandat impératif est nul. Le droit de vote des membres du Parlement est personnel. ».

Ce qui se passe aujourd’hui

Aujourd’hui, les députés sont sensés voter en leur âme et conscience mais, en réalité, ils reçoivent des instructions de vote de la part de la direction de leur parti par l’intermédiaire du bureau groupe politique auquel ils appartiennent au sein de l’Assemblée nationale.

Quelques exemples :

Le cas le plus récent et le moins bien maquillé avec E. Macron : extrait Le Monde du 08 mars 2017 : Emmanuel Macron est il capable d’avoir une majorité ? par Cédric Pietralunga dont nous citons le passage suivant : "A l’origine, l’ex-locataire de Bercy voulait aussi exiger de ses candidats la promesse de voter une douzaine de réformes essentielles. Mais il y a renoncé, le mandat impératif étant interdit par la Constitution. Désormais, il ne leur demande qu’un engagement « moral » à soutenir « six chantiers » aux contours relativement généraux, comme « renforcer la sécurité de la nation » ou « moderniser notre économie »."

Voir aussi l’article paru dans Le Figaro : « Dans une lettre, Cambadélis menace d’exclusion les élus qui parrainent Macron. » par Arthur Berdah publié le 03 mars 2017 On y lit une lettre de Jean-Christophe Cambadélis datée du 2 mars 2017 qui rappelle que la charte éthique du PS et l’article 1.2.3 de ses statuts engage ses adhérents

Voir aussi l’article sur Wikipédia : Mandat Impératif ; et en particulier le le chapitre « Interdictions constitutionnelles » qui se réfère au discours de François Bayrou au Conseil de l’UDF le 10 mars 2007 ;

Lors des élections législatives de 2007, il a été soutenu par François Bayrou que les candidats qui sollicitaient l’investiture de l’UMP ou du Nouveau Centre avaient dû signer un document par lequel ils s’engageaient à ne pas voter de motion de censure durant la législature et à voter toutes les lois de finance et de financement de la sécurité sociale

Sur wikipédia, toujours, le chapitre « Critiques » de l’article : « Frondeurs (Parti socialiste) » est éloquent en indiquant que le parti donne des consignes sur les textes du gouvernement Médiapart titrera, le 25 février 2015, « PS : Les « frondeurs » rappelés à l’ordre mais sanctionnés » et débute son article ainsi : "A l’issue de son bureau national, le parti a fait savoir ce mardi que désormais, il donnerait « ses consignes sur les textes du gouvernement ». Autrement dit, terminé l’« individualisme » que dénonçait plus tôt dans la matinée le président du groupe à l’Assemblée, Bruno Le Roux. Après le débat, les parlementaires seront invités à voter les lois d’une seule voix. Les “frondeurs” du PS, eux, goûtent peu à ce rappel à l’ordre."

Contre l’esprit de la Constitution

Ainsi, ce sont souvent quelques personnes dans un bureau qui décident de la ligne de vote de centaines de leurs collègues qui n’ont d’autre choix que de faire ce qu’on leur dit, sous peine de se voir ostraciser (privés de temps de parole, défavorisés dans l’attribution de la réserve parlementaire, etc…)

Parfois, les instructions, ou le texte des amendements soumis au vote peuvent même provenir de groupements d’intérêts privés. Des exemples là [1].

En restreignant le champ de liberté de l’élu, le fonctionnement actuel s’oppose donc déjà à l’esprit de la Constitution.

Ce que propose #MAVOIX

MAVOIX propose d’expérimenter la démocratie continue qui vise à ne pas rompre le lien entre le député et ses électeurs.

Sortir du système

Au lieu de voter une fois tous les 5 ans, les électeurs seraient consultés sur toutes les lois et verraient leur opinion relayée par les députés #MAVOIX.

Il n’y a pas de mandat impératif à proprement parler puisqu’il s’agit d’un contrat moral basé sur la confiance.

Il s’agit justement de sortir d’un système où le mandat impératif déguisé, confiné aux mains de quelques-uns, est la règle.

En introduisant de l’incertitude dans le système, #MAVOIX se rapproche de l’esprit de la Constitution qui cherche à garantir la sincérité des débats, chacun pouvant exprimer son opinion personnelle.

Le projet de #MAVOIX est de sortir de cette logique délétère qui veut que la pratique du pouvoir, comme sa réussite ou son échec, repose sur une personne ou au mieux, quelques personnes.Sortir de la personnification

Nos expériences ne pourraient émerger si nous personnifions. Chaque être humain propulsé est achetable, récupérable. La pression est trop forte et les lobbies de toutes sortes extrêmement puissants.

Nous cherchons à diviser la pression médiatique et politique, ainsi elle est plus supportable. Si l’un ou l’une échoue, ce qui est possible, humain et anticipé, les autres sont là pour maintenir le cap.

Nous ne nous cachons pas, nous incarnons la longue traîne au quotidien, agrégeant nos parts de voix sur la toile et invitant nos contacts à porter une part du projet. Il sera très difficile de contenir un mouvement citoyen qui est décentralisé, non personnifié, horizontal comme l’est la Blockchain.

Il est alors compliqué de s’attaquer à une ou des têtes, il n’y en a pas. Tout est pensé pour cela.

Il n’y pas de mandat impératif puisqu’il n’y a pas de contrôle ni de sanctions mais uniquement un contrat moral basé sur la confiance.

Pour aller plus loin :
Contraster avec la constitution de 1793.

Qu’en pensez-vous ?

Le texte est bien mais comme Sly, j’ai beaucoup de mal à voir la différence (elle doit être assez limitée).

Merci @Sly, @OlivierNantes et @LCM de vos retours.

Pour faciliter la comparaison, j’ai utilisé le bac à sable du wiki. Aussi, vous trouverez la version originale ici : Mandat impératif ou pas? — mavoix

et ma proposition mise à jour ici : Bac à sable — mavoix

Les modifications les plus importantes sont dans le paragraphe 2.

J’espère ainsi que la comparaison (et la critique) sera plus simple.

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Moi j’ai mis une coche parce que ca me va. En gros tu contextualise un peu plus en ajoutant des evenements recents expliquants les manquements de la situation actuelle et appuyants le positionnement donc ca me va. :white_check_mark:

Oui, ce texte sera éclairant pour ceux qui viennent se renseigner.
Pour aller plus loin, il me semble que le but de de Gaulle et Debré en écrivant cela était d’écarter l’influence des lobbies (comme ils étaient en 1958) et des partis et de permettre une fluidité du travail parlementaire, les députés n’ayant à en référer à personne au moment de voter.
Bon, cela n’empêche pas dès le départ le fonctionnement selon le fait majoritaire: « le président conduit la politique de la nation » et les députés, dont une majorité est censée le soutenir (les cohabitations sont une exception), sont censés, pour ceux du groupe majoritaire, soutenir la politique du gouvernement. Le document invoqué par Bayrou en 2007 (vraisemblable, la rupture avec le Nouveau Centre étant alors très fraîche il existait forcément des contacts, logique que le document ait fuité) est un peu la caricature de ça: interdiction absolue (autant que possible) d’être en désaccord sur des votes importants - ce qui voulait dire ensuite que le gouvernement pouvait faire avaler presque n’importe quoi à sa majorité.
Nous concernant:
l’engagement à suivre les votes sur la plateforme n’est que moral, les députés ne risquent rien de concret s’ils s’en écartent
« pas de contrôle ni de sanction » (fin du 3.2 du bac à sable) là je nuancerais, en effet sur les votes publics on peut facilement savoir si l’élu-e a voté comme on lui a transmis… ou pas. Et s’il s’écarte de la consigne, « ce n’est plus un député MaVoix » (c’était dit ainsi sur l’ancienne version du site) et concrètement on répartit par la suite les votes « plateforme » suivants sur un député de moins.
la plateforme est bien pour le vote définitif de la loi mais il faudra affiner pour tout ce qui est votes en commissions, motions de procédure, amendements… qui parfois peuvent faire capoter en cours de route l’examen d’une loi que certains trouveraient intéressante (pendant que d’autres se réjouiraient de l’avoir torpillée en route), ultimement quand un « petit vote » de la sorte est à décider en très peu de temps il peut y avoir un cadrage général décidé à l’avance mais c’est à celui qui siège de décider en conscience, sachant que le vote définitif s’il a lieu permettrait de corriger.
Concernant la répartition des votes entre députés de notre groupe, tout en conservant le total (X pour, Y blancs, Z contre), il peut être intelligent, c’est une proposition, de tenir compte dans la mesure du possible des éventuelles préférences personnelles (à rentrer dans le programme informatique, ce n’est pas le plus dur): confier de voter « contre » à un des nos élus qui est farouchement « pour » à titre personnel, c’est plus difficile à vivre pour lui/elle et risqué pour le respect effectif de la consigne; par contre si tout le monde est pour il en faut bien pour transmettre les votes contre quand même. Fermer les oreilles aux lobbies, c’est faisable, à sa propre conscience c’est plus dur. De fait, si on laisse cette possibilité-là d’objection non absolue, on est moins dans l’impératif tout en respectant l’équilibre numérique global du vote, ce qui est le plus important.

Fermer les oreilles aux lobbies, c’est faisable, à sa propre conscience c’est plus dur.

Mais le député MAVOIX ne vote justement pas en conscience. Ce n’est pas son vote a l’AN c’est celui des citoyens + le sien. Mettre un système en place pour limiter la contradiction c’est difficile pour rien. Une regle simple en toute transparence. Personne ne lui reprochera son vote, et lui meme doit comprendre son role de porte voix et c’est un magnifique moyen d y parvenir je trouve.

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Au vu de l’article 27 de la constitution française on peut se dire qu’un député mavoix est anticonstitutionnel…
Mais au vu des pressions de la CPME sur certains députés, on peut se dire que la politique française est anticonstitutionnelle !

Plus la politique progresse, plus j’ai l’impression que les lois sont vraiment faites pour être enfreintes…

Bonjour @leroimerwan,
Je t’invite à relire cet article.

En effet un député #MAVOIX n’est pas « anticonstitutionnel », son mandat envers la communauté est moral.

Je clos le sujet, notamment pour le peu d’activités sur cette questions depuis plusieurs semaines. Si de nouvelles questions/problématiques sont a poser, ouvrez un nouveau post svp, si c’est très en rapport on consolidera.